Ariane 6 : Un lancement inaugural très attendu
L’arrivée tardive d’Ariane 6
La fusée Ariane 6, dont le vol inaugural est prévu entre mi-juin et fin juillet 2024, arrive avec quatre ans de retard. Ce délai a été particulièrement impactant compte tenu du déploiement concurrentiel de SpaceX dans le secteur spatial.
SpaceX et la révolution de l’aérospatial
Lorsque SpaceX a été fondée en 2002 par Elon Musk, la société avait pour objectif de concevoir des lanceurs capables de réduire le coût de mise en orbite, mais aussi de développer le tourisme spatial. Plus révolutionnaire encore, SpaceX visait à réutiliser ses lanceurs pour réduire les coûts de production. En 2014, lorsque le programme Ariane 6 a été lancé, les Européens ne croyaient pas aux lanceurs réutilisables. Malgré la connaissance et les tests internes de la technologie, celle-ci ne surpassait pas les systèmes non réutilisables en termes de fiabilité ni de coût.
SpaceX a réussi à proposer un lanceur réutilisable, fiable et capable d’être lancé à une cadence bien plus élevée que ses concurrents. Grâce au soutien des fonds publics américains, la société d’Elon Musk a su réduire les coûts de mise en orbite de satellites et casser les prix.
Les défis techniques et le retard d’Ariane 6
ArianeGroup a pour sa part continué le développement d’Ariane 6, une version modernisée d’Ariane 5 prévue pour prendre le relais en 2020. Le projet visait une modernisation prudente mais intelligente, permettant de réduire les coûts sans tout chambouler. Cependant, la pandémie de Covid-19 a interrompu les tests du lanceur, entraînant de nombreux problèmes techniques et un retard conséquent, estimé à environ quatre ans.
Ariane 6 face à SpaceX : un marché en évolution
Le baptême d’Ariane 6 en été 2024 semble compliqué, avec un lancement arrivant tardivement sur un marché en pleine évolution. La fusée européenne apparaît comme moins compétitive en termes de coûts par kilo lancé que son principal concurrent, SpaceX, à l’exception des lancements à très haute altitude, tels que les satellites géostationnaires. De plus, sa cadence de lancement est notablement plus faible.
Les atouts d’Ariane 6
Malgré ces défis, Ariane 6 possède un atout de taille : un carnet de commandes plein, avec déjà 28 missions prévues avant même son premier vol. Ces commandes incluent des missions institutionnelles, telles que la constellation Galileo pour l’Union européenne, ainsi que des projets privés, comme le déploiement de la constellation de satellites Kuiper par Amazon.
Un avenir prometteur malgré les difficultés
Ariane 6 remplacera également les fusées russes Soyouz sur le pas de tir de Kourou, offrant ainsi une véritable sécurité avec un carnet de commandes plein jusqu’à ce que son rythme de croisière soit atteint. La fiabilité de ce nouveau lanceur sera la métrique la plus importante pour attirer de nouveaux clients.
Conclusion
Malgré ses retards et défis techniques, Ariane 6 s’apprête à faire son entrée avec une sécurité financière assurée. Son carnet de commandes plein jusqu’à 2025 lui offre la perspective à terme d’atteindre une cadence de 9 à 10 tirs par an, de quoi attirer de nouveaux clients et s’imposer sur le marché spatial.
