Protestations massives contre l’extrême droite en Allemagne
Nouvelle manifestation prévue à Berlin
Depuis trois semaines, des dizaines de milliers de personnes manifestent à plusieurs reprises contre l’extrême droite et le parti AfD en Allemagne. Les protestations se poursuivent, avec une action spéciale prévue au bâtiment du Reichstag à Berlin.
Pour le samedi 3 février, une autre grande manifestation anti-extrême droite est prévue au Bundestag, rassemblant 100 000 personnes. Dans le cadre des manifestations de masse contre l’extrémisme de droite, un rassemblement de 100 000 personnes est prévu au Reichstag, à Berlin, ce samedi. Il est prévu de former une chaîne humaine symbolique sous le slogan “Nous sommes le pare-feu”. Cette action contre la haine et en faveur de la tolérance est soutenue par une alliance appelée “Main dans la main” regroupant plus de 1 300 organisations. Sous le même slogan, 120 organisations ont également prévu une manifestation à Dresde, avec 10 000 participants. Une action similaire est prévue devant le parlement de Basse-Saxe, à Hanovre. En outre, des dizaines d’autres actions sont prévues dans des villes de différentes tailles, de Brunsbüttel, dans le Schleswig-Holstein, à Fribourg, dans le Bade-Wurtemberg.
Réaction aux activités des réseaux extrémistes
Depuis trois semaines, des dizaines de milliers de personnes descendent dans les rues de toute l’Allemagne pour manifester contre l’extrême droite et le parti AfD. Ces manifestations font suite à une enquête du groupe médiatique Correctiv sur une réunion entre des militants d’extrême droite et des personnalités politiques de l’AfD, de la CDU et de l’Union des valeurs en novembre à Potsdam. Lors de cet événement, l’ancienne figure de proue du mouvement d’extrême droite identitaire en Autriche, Martin Sellner, aurait abordé le concept de “remigration”. Lorsque les extrémistes de droite utilisent ce terme, ils entendent en général qu’un grand nombre de personnes d’origine étrangère doivent quitter le pays, y compris par la contrainte.
Le Chancelier fédéral Olaf Scholz a qualifié les nombreuses manifestations prévues de “puissant signal” en faveur de la démocratie et de la loi fondamentale. “Que ce soit à Eisenach, Hombourg ou Berlin : dans de petites et grandes villes à travers le pays, de nombreux citoyens se réunissent pour manifester contre l’oubli, la haine et l’incitation à la haine, également ce week-end”, a écrit le politicien social-démocrate sur la plateforme X (anciennement Twitter). Le Chancelier a récemment fait l’éloge des grandes manifestations à plusieurs reprises et a lui-même participé à une manifestation à Potsdam en janvier. Les organisateurs ont déclaré que la grande manifestation à Berlin s’inscrivait dans la lignée des actions de protestation des semaines précédentes. Elle est également conçue comme le lancement du réseau “Main dans la main”, qui s’engage en faveur de la démocratie et des droits de l’homme en vue des élections de cette année. “Oui, notre démocratie est en danger”, indique l’appel de l’alliance berlinoise. “Mais nous sommes déterminés à nous faire entendre et à agir : pour une société ouverte, démocratique, pluraliste et solidaire, ensemble contre la montée de l’extrême droite en Allemagne et en Europe.”
Soutien à l’initiative
De nombreuses petites initiatives, ainsi que de grandes organisations telles que les syndicats Verdi, GEW et IG Metall, Amnesty International, des organisations d’aide aux réfugiés, ainsi que les groupes de protestation pour le climat Extinction Rebellion et Letzte Generation, soutiennent cette manifestation. Des représentants politiques, dont les présidents du SPD et de Die Linke, ont annoncé leur participation à la manifestation.
La présidente du SPD, Saskia Esken, a déclaré au RedaktionsNetzwerk Deutschland : “De nombreuses personnes en Allemagne sont consternées par les plans d’expulsion des réseaux d’extrême droite révélés par l’enquête de Correctiv”. Elle trouve préoccupant “à quel point l’AfD semble être profondément impliquée dans ces réseaux”. C’est précisément pour cette raison qu’il est essentiel de renforcer les initiatives qui promeuvent la démocratie, la diversité et la cohésion partout dans le pays. Il est donc impératif que la loi sur la promotion de la démocratie soit adoptée le plus rapidement possible par le Bundestag. En revanche, le commissaire à la non-discrimination du gouvernement fédéral, Ferda Ataman, a appelé à davantage de protection contre la discrimination. “De nombreuses personnes victimes de racisme et de discrimination ont de grandes craintes pour l’avenir. Ils ont l’impression que la politique ne fait rien pour eux et ne prend pas au sérieux leurs craintes et leurs inquiétudes.” Selon elle, le gouvernement fédéral et les partis démocratiques ne proposent “pratiquement rien”, si ce n’est quelques déclarations de principe. Le gouvernement fédéral reste en retrait par rapport à ses propres engagements en matière de lutte contre la discrimination et de lutte contre l’antisémitisme, tels qu’ils sont énoncés dans son programme de coalition.
Markus Söder, le ministre-président de Bavière (CSU), a qualifié de “tout à fait justifié” les protestations nationales dirigées contre l’AfD. “C’est un parti profondément d’extrême droite. À chaque fois que j’entends ces discours haineux, cela me secoue profondément”, a-t-il déclaré au “Rheinische Post”. Le 21 janvier, selon la police, plus de 100 000 manifestants s’étaient déjà rendus dans le quartier gouvernemental de Berlin. Le Bundestag, installé dans le bâtiment historique du Reichstag depuis 1999, est le symbole central de la démocratie
