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Crise des agriculteurs en France : la colère monte contre le gouvernement

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Les agriculteurs français en colère : un mouvement qui pourrait influencer les élections européennes

Les agriculteurs expriment leur colère

Depuis le 18 janvier, plusieurs dizaines d’agriculteurs bloquent un tronçon de l’autoroute A64 près de Toulouse pour exprimer leur colère envers le gouvernement. Cette action a été précédée par une explosion survenue entre jeudi et vendredi, qui a soufflé les vitres d’un bâtiment gouvernemental à Carcassonne. Deux graffitis revendiquant l’acte ont été laissés sur les lieux par un mystérieux collectif de viticulteurs.

Selon François Purseigle, professeur de sociologie à la faculté d’agronomie de l’Institut national polytechnique de Toulouse, “il n’est pas anodin que ce mouvement vienne du sud du pays”. Il explique que “les agriculteurs sont en première ligne face au changement climatique, avec des sécheresses successives, et on leur a répété à plusieurs reprises qu’ils n’en faisaient pas assez pour l’environnement.”

Revendications et situation économique des agriculteurs

Les agriculteurs demandent au gouvernement de revenir sur sa décision d’augmenter les taxes sur le diesel agricole, un carburant polluant dont les agriculteurs bénéficiaient de réductions d’impôts. Ils dénoncent également le non-respect d’une loi de 2018 garantissant que les hausses des coûts de production soient couvertes par la chaîne agroalimentaire lors des négociations commerciales.

Le gouvernement français a réagi en annonçant un report de “plusieurs semaines” des réformes annoncées il y a plus d’un an pour aider les agriculteurs. Cette décision intervient dans un contexte économique difficile, avec une perte de 20 % (soit 101 000) des exploitations agricoles en France entre 2010 et 2020, selon une enquête récente.

Impact sur la relève agricole et l’environnement

Yohann Barbe, éleveur de bovins dans le département des Vosges, souligne que de nombreux jeunes préfèrent éviter le travail indépendant car ils gagneraient moins qu’un employé agricole, ce qui ne devrait pas être le cas. Il ajoute que près de 200 000 agriculteurs prendront leur retraite d’ici 2026, mais il n’y a pas suffisamment d’acheteurs pour reprendre leurs exploitations.

Les agriculteurs dénoncent également les normes environnementales de plus en plus contraignantes, avec une transposition fréquente des directives européennes rendant les normes nationales encore plus strictes que les normes européennes. Ils soulignent également le problème de la concurrence étrangère, pointant du doigt le fait que plus d’un poulet sur deux consommé en France en 2022 était importé de l’étranger, notamment de Belgique, de Pologne et du Brésil.

La politique et les élections européennes

La colère des agriculteurs s’avère être un enjeu majeur à l’approche des élections européennes. Le Rassemblement National, parti d’extrême droite, a déjà commencé à utiliser cette colère contre Bruxelles pour lancer sa campagne pour les élections de juin. Pour François Purseigle, ces questions agricoles seront au cœur des débats lors des prochaines élections européennes.

Le Premier ministre Gabriel Attal s’est rendu dans le département du Rhône pour rencontrer les représentants syndicaux, dans une tentative de calmer les tensions. Il a souligné que la politique consiste également à répondre aux émotions. En revanche, les agriculteurs ont déjà annoncé qu’ils n’hésiteraient pas à bloquer Paris et à perturber le Salon international de l’agriculture, qui débute le 24 février, si le gouvernement ignore leurs revendications.

En conclusion, la colère des agriculteurs français exprime un mal-être profond lié à des enjeux économiques, environnementaux et réglementaires. Cette situation pourrait également avoir un impact politique majeur à l’approche des élections européennes, avec le potentiel de modifier le discours et les priorités des différents acteurs politiques.

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