Les agriculteurs européens en colère bloquent les routes principales

La situation actuelle en France

La préfecture de Meurthe-et-Moselle a annoncé ce vendredi la levée de tous les points de blocage mis en place par les agriculteurs sur les trois grands axes routiers. L’A30/N52, à proximité de la frontière luxembourgeoise, mais également l’A31 et l’A33 vont être complètement rouvertes à la circulation.

Les opérations d’évacuation des déchets, mais aussi les vérifications des routes, préalables à la remise en service, vont pouvoir débuter. Les déviations mises en place restent les itinéraires à emprunter en attendant la fin des opérations, ont précisé les services de l’État. Cependant, ce vendredi matin, l’A30 était toujours bloquée par la mobilisation des agriculteurs. Un mouvement qui doit durer jusque dans la matinée, a prévenu jeudi soir la préfecture de la Meurthe-et-Moselle. L’A30/RN52 est toujours coupée à la circulation entre Villers-la-Montagne et Boulange, dans les deux sens de circulation. Dans le secteur de Bréhain-la-Cour, les bretelles d’entrée des diffuseurs de Boulange à Villers-la-Montagne sont fermées.

Les automobilistes se rabattent sur les axes secondaires, mais ils doivent s’attendre à des ralentissements de la circulation dans les heures à venir. Pour ceux qui choisissent l’A31, plusieurs kilomètres de bouchons depuis Kanfen jusqu’à Livange ont déjà été recensés, vers 7h30.

Les réactions politiques

Emmanuel Macron a demandé jeudi la mise en place d’une force européenne de contrôle sanitaire et agricole pour éviter la concurrence déloyale entre les pays membres de l’Union européenne.

Le président français, dont le gouvernement a annoncé plusieurs mesures pour mettre fin à un vaste mouvement de colère des agriculteurs, s’est aussi félicité d’avoir fait en sorte que l’accord commercial controversé entre l’UE et les pays latino-américains du Mercosur n’ait pas été conclu à la va-vite comme certains menaçaient de le faire, parce qu’on a élevé la voix, parce qu’on a montré des incohérences.

La Commission européenne va préparer une proposition pour réduire le fardeau administratif pesant sur les agriculteurs, a annoncé jeudi sa présidente Ursula von der Leyen, pour tenter de répondre à la colère du secteur. Cette proposition sera prête à temps pour la prochaine rencontre des ministres européens de l’Agriculture, prévue le 26 février à Bruxelles.

Les réactions des syndicats agricoles

Les syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs ont appelé jeudi à suspendre les blocages en France mais ont promis de rester vigilants sur l’application de nouvelles mesures annoncées peu auparavant par le Premier ministre Gabriel Attal. Parmi les conditions posées pour ne pas reprendre le mouvement: de premiers résultats avant le Salon de l’agriculture (24 février-3 mars) puis l’adoption d’une loi d’orientation et d’avenir agricole ainsi que de mesures européennes d’ici à juin. À défaut, nous n’hésiterons pas à re-rentrer dans un mouvement de mobilisation d’ampleur générale, a dit M. Gaillot.

Manifestations dans d’autres pays européens

Des milliers de manifestants de différents pays – et plus d’un millier de tracteurs – ont envahi les rues de Bruxelles jeudi aux abords d’un sommet des Vingt-Sept, sur fond de colère du monde agricole. En Grèce, environ 300 tracteurs et des dizaines de camions d’apiculteurs, klaxonnant et arborant des drapeaux noirs et blancs, se sont immobilisés devant le centre municipal de Thessalonique pour réclamer l’augmentation des aides dans leur secteur. Par ailleurs, des centaines d’agriculteurs portugais ont rejoint le mouvement de colère de leurs collègues européens en bloquant plusieurs axes routiers. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’est également associé aux agriculteurs en colère à Bruxelles et a critiqué la politique européenne.

Le mouvement de protestation des agriculteurs dépasse donc les frontières nationales pour exprimer une véritable grogne contre les politiques agricoles européennes.

Conclusion

La colère des agriculteurs, manifestée par des blocages de routes et des actions coup-de-poing, témoigne d’une profonde insatisfaction vis-à-vis des politiques agricoles européennes et nationales. Les annonces des responsables politiques français et européens semblent apaiser temporairement la situation, mais la vigilance des syndicats agricoles témoigne de l’attente de résultats concrets. La mobilisation des agriculteurs dans plusieurs pays européens montre une solidarité transnationale face à des enjeux communs dans le secteur agricole.