Sommet de l’UE sur l’Indo-Pacifique : Une Manœuvre Diplomatique pour Éviter de Prendre Parti Entre les États-Unis et la Chine

Exclusion des Superpuissances

Le sommet de l’Union européenne sur l’Indo-Pacifique, prévu à Bruxelles ce vendredi (2 février), ne prévoit pas la participation des deux superpuissances mondiales, la Chine et les États-Unis. Cette exclusion est perçue comme une “manœuvre diplomatique” par les observateurs, visant à permettre à d’autres pays de poursuivre leurs propres intérêts sans être contraints de choisir un camp.

Lors du précédent sommet, la Chine n’avait jamais été invitée, et les États-Unis, qui y avaient participé, n’ont pas reçu d’invitation cette année.

Analyse des Observateurs

Chris Humphrey, directeur exécutif du Conseil des entreprises de l’UE-ASEAN, estime qu’il s’agit d’une “manœuvre diplomatique intelligente” de la part de l’Europe pour s’assurer que les pays qu’elle invite ne se sentent pas forcés de choisir entre les États-Unis et la Chine.

Selon lui, l’Europe cherche à affirmer son rôle dans la région en permettant aux pays d’Asie et du Pacifique de poursuivre leurs intérêts de manière indépendante. Le professeur Pushan Dutt, spécialiste en économie et en sciences politiques à l’INSEAD, ajoute que cette situation reflète un réaménagement de l’ordre mondial, où certains pays souhaitent préserver leurs intérêts et leurs valeurs sans subir de pressions extérieures.

Préoccupations et Objectifs

Le sommet de l’Indo-Pacifique abordera des questions de coopération en matière de sécurité, de commerce, de changement climatique, ainsi que des préoccupations de sécurité liées à la Chine, notamment les tensions potentiellement croissantes dans le détroit de Taïwan et en mer de Chine méridionale.

D’après le Dr. Dutt, l’Europe a été alertée par divers conflits mondiaux, dont la guerre entre Israël et le Hamas et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il souligne également les préoccupations concernant un éventuel conflit autour de Taïwan.

Un autre volet du sommet consistera en une réunion ministérielle séparée entre les ministres de l’UE et leurs homologues de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Mr. Humphrey estime que l’UE mettra l’accent sur son programme environnemental, tandis que l’ASEAN souhaiterait davantage de soutien en matière de commerce, d’investissement et de développement économique.

Réaffirmation de la Coopération Entre les Deux Blocs

Malgré les divergences au sein des deux blocs concernant le conflit Israël-Hamas, Mr. Humphrey souligne que la région a un intérêt commun à éviter une escalade de ce conflit.

Il met également en avant les progrès constants réalisés par l’UE en tant que principal bailleur de fonds pour le développement de l’ASEAN, couvrant de nombreux domaines tels que l’économie, l’environnement, le social, la culture et la sécurité. Les observateurs estiment que ces réunions permettront de renforcer la coopération entre les deux groupements régionaux et d’établir des objectifs et des groupes de travail pour faire face aux défis actuels.

Perspectives d’Avenir

Le Dr. Dutt considère qu’il ne faut pas s’attendre à la conclusion de grands accords commerciaux lors de ce sommet, mais plutôt à des avancées progressives. Il souligne qu’il s’agit d’un processus à long terme nécessitant une vision et un engagement politique sur le long terme, notamment en termes de capital politique et de ressources financières.

En somme, ce sommet de l’Indo-Pacifique apparaît comme une opportunité pour l’UE et l’ASEAN de renforcer leur coopération et de consolider leur position dans une région où les dynamiques géopolitiques évoluent de manière significative.