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Report des élections au Sénégal : inquiétude à Paris et à Bruxelles

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Report du scrutin présidentiel au Sénégal : une crise politique sans précédent

Des inquiétudes internationales

Le Sénégal, habituellement reconnu pour sa stabilité politique en Afrique, traverse actuellement l’une de ses plus graves crises politiques. En effet, le report de l’élection présidentielle annoncé par le président sortant Macky Sall à seulement trois semaines du scrutin suscite de vives inquiétudes, non seulement au sein du pays, mais également au niveau international.

La décision de reporter l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février, a été prise par le président Macky Sall, élu pour un deuxième mandat en 2019. Cette initiative suscite des préoccupations, car c’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal.

La France, à travers son ministère des Affaires étrangères, a exprimé son inquiétude quant à la situation politique au Sénégal, appelant les autorités sénégalaises à lever les incertitudes autour du calendrier électoral afin de permettre la tenue des élections dans les meilleurs délais. De même, les États-Unis, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union européenne ont partagé leurs préoccupations, estimant que la décision de Macky Sall ouvre une période d’incertitude au Sénégal.

Les raisons derrière ce report

La décision du président Macky Sall de reporter l’élection présidentielle s’est appuyée sur le conflit en cours entre le Conseil constitutionnel et l’Assemblée nationale concernant la validation définitive des candidatures à la présidentielle. Cette situation découle de l’élimination de plusieurs dizaines de candidats lors du processus de validation des candidatures, suite à quoi une demande de report a été formulée par l’un des candidats refoulés, Karim Wade. Celui-ci remet en cause l’intégrité de deux juges constitutionnels ayant validé les candidatures.

En réponse à ces préoccupations, l’Assemblée nationale a mis en place une commission d’enquête visant à faire la lumière sur les conditions de validation des candidatures. Il convient de souligner que le camp présidentiel a soutenu cette démarche, mais que cela ne suffit pas à dissiper les soupçons de manœuvres visant à éviter une défaite dans les urnes.

Par ailleurs, la candidature de l’opposant Bassirou Diomaye Faye, actuellement emprisonné depuis avril 2023 pour des accusations telles que l'”outrage à magistrat et diffamation”, constitue également un point de tension dans ce contexte politique tendu.

Les réactions des acteurs politiques

En réaction à cette décision de report, plusieurs candidats opposés au président sortant ont déjà annoncé qu’ils n’accepteraient pas ce report sine die et ont prévu de lancer leur campagne électorale dès ce dimanche. Cela inclut des appels à la mobilisation de la part de Cheikh Tidiane Youm, porte-parole de l’opposition, ainsi que des déclarations de l’opposant Khalifa Sall exhortant la population à “se lever” contre ce report de scrutin.

Néanmoins, ces réactions ont été marquées par des actes de répression de la part des autorités sénégalaises, telles que l’arrestation de l’opposante Aminata Touré lors d’une manifestation à Dakar, ainsi que la suspension d’une chaîne de télévision pour “incitation à la violence”.

Une incertitude quant à l’avenir politique

La décision de reporter l’élection présidentielle au Sénégal a plongé le pays dans une période de flou politique. Alors que le code électoral sénégalais stipule qu’un décret fixant la date d’une nouvelle présidentielle doit être publié au plus tard 80 jours avant le scrutin, cela reporterait l’élection à fin avril dans le meilleur des cas. Cette situation pourrait potentiellement permettre au président Sall de conserver son poste au-delà du 2 avril, date butoir de son mandat.

Dans ce contexte, l’avenir politique du Sénégal demeure incertain. Les réactions de l’opposition et la répression qui s’en est suivie soulignent les tensions croissantes à l’approche des élections.

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