Le Sénat américain dévoile un projet de loi sur la sécurité des frontières de 118 milliards de dollars
Le Sénat des États-Unis a dévoilé dimanche un projet de loi bipartite sur la sécurité des frontières d’une valeur de 118 milliards de dollars, qui prévoit également une aide à l’Ukraine et à Israël à la suite de mois de négociations. Toutefois, cette mesure est confrontée à un avenir incertain en raison de l’opposition de Donald Trump et des républicains durs.
Contenu du projet de loi
Le chef de la majorité du Sénat, Chuck Schumer, a déclaré qu’un vote initial sur le projet de loi aurait lieu au plus tard mercredi, mais il fait face à l’opposition des deux côtés de l’enceinte parlementaire. La sénatrice américaine indépendante Kyrsten Sinema a déclaré aux journalistes que le projet de loi sécuriserait la frontière sud des États-Unis, notamment en exigeant du département de la Sécurité intérieure qu’il ferme la frontière s’il y a en moyenne plus de 5 000 tentatives de passage par jour sur une période de sept jours.
Outre les 20,23 milliards de dollars pour la sécurité des frontières, le projet de loi comprend 60,06 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, 14,1 milliards de dollars d’aide à la sécurité pour Israël, 2,44 milliards de dollars pour le Commandement central des États-Unis et le conflit en mer Rouge, ainsi que 4,83 milliards de dollars pour soutenir les partenaires américains dans la région indo-pacifique faisant face à l’agression de la Chine, selon les chiffres de la sénatrice américaine Patty Murray. Un montant supplémentaire de 10 milliards de dollars serait alloué à l’aide humanitaire pour les civils de Gaza, de la Cisjordanie et de l’Ukraine.
Les États-Unis fourniraient également 4,83 milliards de dollars pour soutenir les partenaires régionaux clés dans la région indo-pacifique où les tensions se sont accrues entre Taïwan et la Chine, ainsi que 2,33 milliards de dollars pour les Ukrainiens déplacés par l’invasion russe et d’autres réfugiés fuyant la persécution.
Déclarations des responsables
Dans une déclaration, Schumer a déclaré que les priorités de ce projet de loi sont trop importantes pour être ignorées et trop vitales pour permettre à la politique de s’en mêler. Il a également souligné que les États-Unis et leurs alliés sont confrontés à de multiples défis complexes et, par endroits, coordonnés de la part d’adversaires qui cherchent à perturber la démocratie et à étendre l’influence autoritaire dans le monde.
Il a ajouté que l’accord prévoirait l’embauche de plus de personnel en première ligne et d’officiers d’asile, ainsi que la mise en place de nouveaux processus pour des décisions d’immigration “plus rapides et équitables”.
Mitch McConnell, le sénateur républicain en chef, a soutenu les négociations, affirmant que les républicains n’obtiendraient pas un meilleur accord sous une présidence républicaine. Cependant, d’autres républicains du Congrès ont déclaré que le président Joe Biden pourrait mettre en œuvre bon nombre des changements qu’ils souhaitent apporter à la politique d’immigration par le biais de décrets présidentiels, bien qu’ils aient précédemment demandé une action législative à ce sujet.
Contexte politique et opposition
En octobre, Biden avait demandé au Congrès d’adopter une mesure fournissant des fonds supplémentaires pour l’aide à l’Ukraine, à Israël et à Taïwan, alors que l’Ukraine tente de repousser les forces russes suite aux raids du 7 octobre par le Hamas en Israël et à la guerre qui a suivi. Cette demande a été bloquée par l’insistance des républicains de la Chambre des représentants pour qu’elle soit liée à un changement de politique d’immigration.
L’immigration est la deuxième préoccupation majeure pour les Américains, selon un sondage Reuters/Ipsos publié mercredi, et reste une préoccupation majeure pour les républicains en particulier. Les gardes-frontières américains ont arrêté environ 2 millions de migrants à la frontière au cours de l’exercice financier 2023.
Trump, favori pour l’investiture républicaine pour affronter Biden aux élections de novembre, a fortement fait campagne contre l’immigration. Les républicains de la Chambre des représentants continuent également de faire avancer des efforts visant à destituer le haut fonctionnaire de la frontière de Biden, le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas.
Bien que des négociations aient abouti à un accord sur le projet de loi, il reste à voir comment les oppositions internes et les divergences politiques vont influencer le vote et l’issue finale de ce projet de loi crucial pour la sécurité des frontières, l’aide étrangère et la politique d’immigration des États-Unis.